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Mes livres publiés (auto-publiés)
31 mai 2016

Quels sont ces petits boulots qu'effectue Diane?

Bien  loin de ses rêves... elle sera tour à tour :

— Employée de banque — Nounou — Vendeuse — Caissière — Hôtesse d'accueil — Co-gérante — Cafetière —
Aide -commerçante —  et terminera son parcours professionnel... en usine!

Voici son premier jour :

 L'importante usine Rolac est entourée d'un immense parking. Diane franchit le portail ouvert et suit les flèches signalant les « Bureaux », se gare puis se dirige vers celui du personnel. Là, on lui indique une salle où attendre…

Plusieurs jeunes femmes sont déjà installées. Diane s'asseoit du bout des fesses et les regarde à la dérobée. Elles ont entre vingt et trente ans, portent pour la plupart un jean, des cheveux courts et ne sont pas maquillées. L’une d’elles, en jupe aux genoux, doit être de son âge. Surprise elle constate que ces personnes n'ont pas une allure vulgaire ni l’air godiche. Certaines lui sourient. D’autres arrivent, saluent, prennent place.

Une demi-heure plus tard, une femme en blouse blanche leur demande de la suivre :

" Je vais vous conduire à vos ateliers respectifs"

Ce mot “atelier” résonne malà l'oreille de Diane.

Le petit groupe d'intérimaires s'arrête d'abord aux vestiaires où chacune choisit le sien, y laisse ses affaires, ensuite elles traversent de vastes espaces toiturés, gris, éclairés au néon, croisent de bruyantes et volumineuses machines reliées par d'énormes tuyaux. Autour de ces monstres hurlant, sifflant, crachant… s'activent des sihouettes uniformément vêtues, paraissant minuscules face à ces effarants engins. Diane, horrifiée, s'imagine à la place de ces gens et se retient de ne pas repartir en courant.

Puis les futures salariéespassent devant un local où leur guide les incite à entrer. Ici leur sont distribuées des blouses grises qu'elles enfilent. Peu reçoivent le vêtement correspondant à leur taille mais le gardent néanmoins sur elles. La blouse de Diane lui arrive à mi-mollets et pourrait envelopper trois sujets de son gabarit! Elle l'ôte aussitôt.

Les ateliers suivants sont de dimensions plus modestes, les robots moins imposants et moins sonores.Six femmes de la troupe sont laissées dans l'un de ces ateliers. Dans un autre, encore cinq personnes sont prises en charge par un responsable. Il reste Diane et une des gracieuses trentenaires qui continuent de talonner leur guide jusqu'à leur lieu de travail: "Le montage". Enfin un endroit moins impressionnant, à échelle humaine, assez calme et sans automates démesurés. On les présente à leur chef, Monsieur Michto, qui, souriant leur donne une poignée de main. Diane trouve d'emblée très sympathique cet homme, sans doute de sa génération, de stature moyenne, plutôt mince et au visage si aimable. Aussitôt à l'aise, elle s'informe :

— Le port de la blouse est-il obligatoire? — Non… mais je vous le conseille pour protéger vos habits, vous risquez de les déchirer et de vous salir.

Diane en son for intérieur décide qu'elle ne mettra jamais cet accoutrement. Elle refuse de se déguiser en ouvrière! Ses nippes ne coûtent pas une fortune et elle en a beaucoup alors si elle en abîme une !

Le chef la confie à la "première ouvrière", qui l'emmène au poste qui lui est réservé : "Les bakélites".

Ce poste est entouré de plusieurs autres ayant des fonctions différentes, le tout formant un cercle ovale. La sous-chef s'asseoit, montre à Diane la marche à suivre puis lui cède la place et l'observe travailler un moment… Constatant que celle-ci effectueles bons gestes, elle disparaît au grand soulagement de Diane qui a toujours été mal à l'aise quand on la regarde œuvrer!

Devant notre apprentie, à hauteur de la taille, s'aligne une rangée d'alvéoles en métal emplies de vis de tailles différentes. Au-dessus, pendent à portée de main, trois visseuses qui lui ont fait penser à des pis de vaches quand la démonstratrice les abaissait (comme on trait les vaches). Une caisse de bakélites, (la partie entre la semelle et la poignée du fer) est à sa gauche. À droite, par des sortes de rail, avancent des plateaux chargés de semelles. Son travail consite à fixer une bakélite sur une semelle. Pas très sorcier de comprendre la procédure mais voilà, Diane est maladroite et utilise rarement sa main gauche. Voulant s'en servir afin de gagner du temps comme on lui a expliqué, – on saisit une vis d'une main en même temps qu'on s'empare de la semelle de l'autre, puis on prend une bakélite et une seconde vis, de la même manière – mais elle perd de précieuses secondes en cherchant à récupérer les pièces tombées. Au bout d'une heure elle réalise qu'elle est loin de fournir la production horaire demandée. Elle espère qu'on ne sera pas trop sèvère pour la première journée.

Ce travail l'amuse! À emboîter ces objets, elle retourne à l'enfance et se croirait à nouveau à l'école maternelle. Elle bénit le sort d'avoir été affectée dans ce petit atelier non assourdissant, pas trop sale et à ce poste-ci, car jetant un œil alentour elle voit plus loin fuser des étincelles.Unemincejeune fille postée à la soudure se lève et s'écarte vivement en réclamant une protection, des lunettes etc:

"Je suis une femme avant d'être une ouvrière!".

Le sympathique chef la rejoint, la rassure. Diane devine que c'est une nouvelle, sûrement peu habituée à ce genre de tâche.

Lorsque sa profonde caisse de bakélites s'épuise elle se demande si elle ne va pas basculer à l'intérieur en se penchant pour attraper celles de la dernière rangée. Elle entend sa voisine derrière elle, occupant un poste similaire, hurler de temps à autre : "BAKELIIIIITES!!!!" Un jeune homme échange alors rapidement sa caisse vide contre une pleine. Donc Diane appelle mais elle n'a pas l'habitude de s'égosiller ainsi, on lui a toujours recommandé de ne pas élever la voix. Comme on ne l'entend pas elle est bien obligée de crier, ce qui lui donne l'impression de perdre sa bonne éducation et sa personnalité.

Au fil de la journée ce boulot lui paraît moins distrayant. Le dos, les poignets, les doigts et un besoin naturel pressant commencent à la titiller. Aussi la pause est-elle la bienvenue. Mais quinze minutes sont insuffisantes, il en faut déjà trois pour aller jusqu'aux toilettes, le temps d'y faire ce qu'on a à y faire… trois pour en revenir, et c'est quasi l'heure de retourner à son poste. Comment se débrouillent ses collègues pour avoir le temps de s'octroyer un café à la machine et fumer une cigarette? Envieuse, elle les considère, agglutinées, notant au passage qu'elle est la seule à ne pas être affublée de l'uniforme de l'usine. Les deux dernières heures paraissent longues et pénibles à l'ouvrière en herbe qui se console en se réjouissant à l'avance de disposer de son après-midi. La ravigotentaussi, les paroles de Monsieur Michto qui plusieurs fois s'approche d'elle en lui demandant gentiment : "Ça va?" ou "Pas trop fatiguée?"

À midi et demi, trente minutes avant la fin de leur journée, certaines se lèvent (celles qui ont “fait” la fameuse production) remplissent leurs alvéoles, balaient… Les plus lentes, dont Diane, triment jusqu'à l'ultime seconde faisant même du rab puisqu'elles doivent encore charger et nettoyer leur poste. Elles ont au moins l’avantage de ne pas attendre derrière la pointeuse ni d’être bousculées quand sonne l’heure du départ.

Diane, la dernière, glisse son carton-fiche portant son numéro dans la fente de l’appareil : clic ! Et suit de loin les autres, qui lui rappellent un troupeau ! Elles n’ont pas quitté leur blouse, marchent lourdement, à grandes enjambées, les bras ballants, caquetant telles descanes sortant de leur cage. Diane s’inquiète : si elle devait rester ici, prendrait-elle cette allure? Sans doute, faute à la fatigue accumulée, mais bon, elle n’est là que pour quelques semaines ! Tandis qu’elle rumine, une retardataire la dépasse, lui envoyant une forte odeur de transpiration, en braillant :

« Jai la raie du cul qui me sert de ch'neau  »

Diane nen croit pas ses oreilles ! Mais a-t-elle échoué ? Elle était prévenue pourtant mais entendre réellement ce genre de propos lui donne envie depleurer ! Elle est si loin de son monde !

Arrivée chez elle, elle déjeune, seule, (ses filles mangent à la fac ou au lycée) Elle prend son repas préparé la veille en écoutant la radio se régalant des termes employés. Jamais elle na apporté autant dattention aux mots, aux phrases bien tournées ! Puis, la vaisselle lavée, la jeune femme éreintée, s'allonge sur son canapé et dort deux heures d'affilée.

Le réveil est difficile, elle a du mal à émerger et aucune activité ne la motivant, elle glandouillepuis il est lheure de cuisiner pour le lendemain et de se coucher afin de compter suffisamment dheures de sommeil avant le lever à 5 heures moins le quart.

Elle est déçue de son après-midiinfructueux, et regrette d'être privée de soirée, ne pouvant regarder le film à la télé qui finit à onze heures, tant elle est obnubilée par la peur de ne pas tenir le coup au boulot mais elle n'est pas du tout angoissée d'y retourner.

Le sommeil l'emporte assez vite. Elle rêve de bakélites, de semelles, et d'un plaisant visage…

 

 

 

Un petit commentaire me ferait grand plaisir! m'encouragerait…

 

 

 

 

 

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  • Passages des romans que j'ai publiés. À partir d'aujourd'hui j'enverrai, chapitre par chapitre mon nouveau roman : Une maman pas comme les autres; Une histoire vraie, hélas. Merci de me commenter et m'encourager si vous souhaitez lire toute l'histoire
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