LES MAUVAIS CHOIX
On sonne à la porte. C’est maman. Mon mari et moi l’attendions pour le repas en l’honneur de mon anniversaire auquel mon frère a également été convié.
Tout de suite après les embrassades, elle s’exclame :
« Oh ! j’aurais dû prendre l’autre train, celui-ci était bondé… »
Mon frère et moi échangeons un coup d’oeil complice et un tantinet agacé. Notre mère a toujours le regret de quelque chose : l’autre chose, l’autre personne. Si certains prononcent « l’autre » d’un ton plus ou moins dédaigneux, elle le dit sur un ton élogieux, car « l’autre » pour elle c’est toujours ce qu’il y a de mieux !
En posant sur la table le gâteau qu’elle a apporté, elle ne manque pas cette remarque :
« J’ai hésité entre celui-ci au café et un au chocolat mais je me demande finalement si l’autre n’aurait pas été meilleur ! Je l’ai acheté trop vite mais il y avait tellement de monde aussi ! »
Durant tout le repas nous avons droit à la litanie des regrets maternels que nous connaissons par coeur :
« Quand même ! dans le temps, c’était autre chose ! il n’y avait pas tous ces cambriolages, ces tueries… pour le moment je suis tranquille dans ma petite maison, j’y suis bien… mais, à propos de maison si vous aviez connu l’autre, celle que nous avions votre père et moi avant votre naissance ! Un vrai bijou et d’un confortable ! fraîche l’été, facile à chauffer l’hiver. Votre père… je n’ai pas été malheureuse avec lui mais si j’avais épousé mon autre amoureux plutôt que lui préférer l’uniforme du militaire, j’aurais eu une vie plus stable au lieu de déménager tous les six mois, parait que sa femme est si heureuse avec lui ! »
Difficile d’en placer une !
Lorsqu’elle reprend la parole elle nous raconte une anecdote où là effectivement, il eut été plus judicieux d’opter pour l’autre !
À suivre… dans le livre